La province du Sud-Kivu fait face à une situation épidémiologique critique. Selon le Dr Aimé Alengo Odudu, médecin chef de division provinciale de la santé, trois épidémies majeures la rougeole, le choléra et le Mpox (variole du singe) frappent simultanément la région, mettant à rude épreuve un système de santé déjà fragilisé par l’insécurité et le manque de ressources.
Dans l’unité d’isolement de la variole de l’hôpital Kamanyola, soutenu par l’UNICEF, un nourrisson d’un mois reçoit actuellement un traitement contre le Mpox, symbole poignant de la gravité de la situation.
D’après les données compilées entre la 1ʳᵉ et la 43ᵉ semaine de 2025, la province enregistre une recrudescence marquée de cas dans les trois maladies. Les autorités sanitaires évoquent une pression sans précédent sur les structures de soins, déjà confrontées à des ruptures fréquentes de médicaments, notamment pour les enfants de moins de cinq ans.
« Le grand défi, c’est la prise en charge. Il y a un réel problème de disponibilité des médicaments. Même organiser des ripostes devient difficile dans le contexte actuel », explique le Dr Alengo.
À ces urgences sanitaires s’ajoute une épidémie émergente de poliomyélite, récemment confirmée en laboratoire. Le Sud-Kivu est désormais classé zone à haut risque, et une campagne de riposte vaccinale est en préparation.
Cependant, la mise en œuvre de cette campagne se heurte à des contraintes sécuritaires majeures, plusieurs territoires dont la ville de Bukavu étant actuellement sous occupation du mouvement rebelle M23-AFC.
Face à cette triple crise sanitaire, les autorités provinciales appellent à une mobilisation immédiate des partenaires techniques et humanitaires pour renforcer la surveillance épidémiologique, approvisionner les structures de santé et soutenir les équipes locales.
La situation du Sud-Kivu illustre les défis croissants de santé publique dans les zones affectées par l’insécurité, les déplacements massifs de population et le manque chronique de moyens médicaux. Sans un appui renforcé, préviennent les autorités, les conséquences humanitaires pourraient être dévastatrices.