Un an après le naufrage tragique du bateau MV Merdi sur le lac Kivu, les familles des victimes et la société civile dénoncent l’inaction persistante des autorités congolaises face aux engagements pris dans les jours qui ont suivi la catastrophe.
Le 3 octobre 2024, l’embarcation surchargée de passagers et de marchandises, en provenance de Minova (territoire de Kalehe), avait chaviré alors qu’elle approchait du port public de Kituku, à Goma. Le bilan officiel faisait état de dizaines de morts et de centaines de disparus. Plusieurs rescapés avaient alors dénoncé des défaillances graves : absence de gilets de sauvetage, surcharge manifeste et état technique déplorable du bateau.
Dans la foulée du drame, les autorités provinciales et nationales avaient multiplié les déclarations : renforcement de la sécurité lacustre, contrôle des embarcations, limitation des surcharges et soutien aux familles endeuillées. Le gouvernement congolais avait également promis la réhabilitation urgente de la route Goma–Minova, en passant par Kalehe.
Parmi les annonces majeures figurait aussi le repêchage des corps restés prisonniers de l’épave, ainsi que leur inhumation dans la dignité. À l’époque, le gouverneur Jean-Jacques Purusi Sadiki avait prononcé un discours fort devant plusieurs députés nationaux du Sud-Kivu, affirmant la volonté des autorités de réorganiser le secteur maritime. Il s’était même rendu en Europe pour solliciter l’appui de plongeurs spécialisés. Mais ces experts ne sont jamais venus, et le gouverneur est revenu seul. Des sources avaient évoqué un séjour à caractère privé en Belgique, auprès de sa famille.
Douze mois plus tard, aucun de ces engagements n’a été concrétisé. Sur les rives du lac Kivu, les témoignages confirment que la surcharge des bateaux, l’absence d’équipements de sauvetage et l’irresponsabilité des opérateurs demeurent une réalité quotidienne.
Pour les organisations locales de défense des droits des victimes, cette inaction reflète « un profond manque de volonté politique » et « une banalisation des drames récurrents » sur les eaux du lac Kivu un couloir vital pour les populations de Kalehe, Idjwi, Bukavu et Goma.
À l’occasion de ce premier anniversaire, les familles des victimes organisent des moments de recueillement à Minova-centre. Une messe sera célébrée au stade mille arbres, suivie d’un dépôt de gerbes de fleurs au cimetière où reposent certaines des victimes, à quelques kilomètres du centre.
Elles appellent une nouvelle fois l’État congolais à assumer ses responsabilités, pour éviter que de telles tragédies ne se répètent.