Sous l’égide conjointe des États-Unis, du Qatar, du Togo et de la Commission de l’Union africaine, les délégations de la République démocratique du Congo (RDC) et du Rwanda se sont réunies ce jeudi pour la quatrième session du Comité mixte de suivi de l’Accord de paix de Washington, signé le 27 juin dernier.
Cette rencontre, tenue dans un contexte de tensions persistantes dans l’est de la RDC, a marqué une étape décisive vers une coopération économique renforcée entre les deux pays, tout en rappelant une vérité incontournable : sans paix, aucun développement durable n’est envisageable.
À l’issue des travaux, Kinshasa et Kigali ont paraphé le texte intégral du Cadre d’intégration économique régionale (CIER), un document stratégique définissant les axes de collaboration dans les domaines du commerce, des infrastructures, de l’énergie et de l’investissement.
La cérémonie, supervisée par la sous-secrétaire d’État américaine Hooker et le conseiller principal Boulos, a été saluée par les partenaires internationaux comme un signal fort de la volonté commune de tourner la page de décennies de méfiance et de rivalités.
Cependant, la mise en œuvre effective du CIER reste strictement conditionnée au rétablissement de la paix et de la stabilité dans l’est congolais. Le Comité a rappelé que le Cadre ne pourra entrer en vigueur qu’après l’application complète du Concept d’opérations (CONOPS) et de l’Ordre opérationnel (OPORD), tels que prévus dans l’Accord de Washington.
Autrement dit, le progrès économique ne pourra s’enraciner que sur un socle de sécurité retrouvée.
Le rapport de la réunion fait état d’une lenteur préoccupante dans l’application des engagements sécuritaires, notamment en ce qui concerne la neutralisation des groupes armés en particulier les FDLR et leurs alliés ainsi que le désengagement des forces rwandaises du territoire congolais.
Les deux parties ont convenu d’accélérer les mesures concrètes sur le terrain, de s’abstenir de toute rhétorique hostile et de respecter leurs obligations mutuelles, afin de restaurer la confiance et de consolider la stabilité régionale.
Le Qatar a présenté une évaluation des négociations en cours à Doha entre la RDC et le mouvement armé M23, faisant état de progrès tangibles. Ces avancées concernent notamment les échanges de prisonniers et la mise en place d’un mécanisme de suivi du cessez-le-feu, dont la première réunion s’est tenue le 5 novembre.
Ces discussions s’inscrivent dans la continuité du processus de Washington et visent à créer les conditions d’une paix durable avant toute reconstruction.
Malgré les engagements pris, la situation sur le terrain reste alarmante. Dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, les affrontements se poursuivent entre les forces armées congolaises et les rebelles du M23 appuyés par le RDF. Ces combats provoquent de nouveaux déplacements massifs de civils et aggravent une crise humanitaire déjà dramatique.
Les gouvernements de la RDC et du Rwanda, appuyés par leurs partenaires internationaux, ont réitéré leur détermination à maintenir la dynamique du dialogue et à traduire les promesses de paix en actions concrètes.
Tous s’accordent sur un constat : la réussite du CIER, et plus largement du processus de Washington, dépendra entièrement du respect des engagements sécuritaires et du retour définitif de la paix dans l’est congolais.
« Il n’y aura ni intégration, ni développement sans la fin des hostilités. La paix n’est pas un préalable administratif, c’est la condition vitale de toute relance régionale », a résumé un diplomate présent à la réunion.
