Le représentant permanent de la République démocratique du Congo (RDC) auprès des Nations unies, Zénon Mukongo, a exhorté vendredi le Conseil de sécurité à renforcer « sans délai » le régime de sanctions visant le Rwanda et les commandants du mouvement rebelle M23/AFC, accusés de multiplier les attaques dans l’est du pays.
Au cours d’une réunion d’urgence convoquée à la demande des États-Unis, le diplomate congolais a dénoncé à la fois la « transplantation » de populations étrangères sur le sol congolais par l’AFC/M23 et la persistance de violations des accords de paix par Kigali et ses alliés.
« Ces acteurs s’obstinent à fouler aux pieds leurs engagements contenus dans l’Accord de Washington et la Déclaration des principes de Doha », a martelé Zénon Mukongo, mettant en garde contre ce qu’il qualifie de « crimes à dimension ethnique ».
Selon lui, des civils sont pris pour cibles en raison de leur appartenance communautaire, dans une tentative « délibérée de remodeler par la violence le tissu social congolais ».
Le représentant de la RDC a insisté sur l’efficacité des sanctions ciblées, estimant qu’elles ne constituent pas un frein au processus de paix, mais au contraire une condition pour le rendre possible :
« En refusant d’imposer de telles mesures contre le M23 et ses soutiens rwandais, le Conseil s’exposerait à cautionner l’impunité, à miner sa propre résolution 2773 et à éroder sa crédibilité », a-t-il averti.
Kinshasa attend également du Conseil de sécurité un appui à la mise en place rapide d’une commission d’enquête internationale sur les exactions commises à l’est de la RDC.
Kigali rejette les accusations
En réponse, le représentant du Rwanda a rejeté en bloc ces allégations, dénonçant une campagne de « mésinformation et de désinformation ». Selon lui, les accusations portées par Kinshasa surviennent systématiquement à des moments « politiquement sensibles », notamment à l’approche des négociations de Doha et de la mise en œuvre de l’Accord de Washington, qui prévoit notamment la neutralisation des FDLR.
Le diplomate rwandais a mis en garde contre ce qu’il perçoit comme une présentation biaisée de la crise dans l’est de la RDC, où, selon lui, « les victimes sont dépeintes comme des bourreaux et vice versa ».