Presque effacé du débat public ces dernières semaines, Constant Mutamba, président du regroupement politique Dynamique Progressiste Révolutionnaire (DYPRO) et l’ex ministre de la justice, refait surface à travers une lettre adressée aux peuples de la République démocratique du Congo et d’Afrique, rédigée depuis son lieu de détention.
Dans ce message daté du 2 septembre, le jeune leader politique affirme être « injustement placé en détention, sans aucun fondement légal ». Il dit être privé de liberté, de soleil, d’air naturel et de soins médicaux appropriés, tout en exprimant sa « profonde gratitude » à ceux qui lui ont témoigné leur soutien avant, pendant et après ce qu’il qualifie de « procès politique de pacotille ».
« Vous êtes les véritables héros de la résistance, du changement et de la justice, à l’instar du père de la lutte pour le changement radical, Étienne Tshisekedi wa Mulumba », écrit-il.
Mutamba accuse par ailleurs des « réseaux mafieux politiques et judiciaires » d’avoir orchestré sa condamnation dans le but de le réduire au silence. Selon lui, ces réseaux, qu’il dit avoir « combattus aux côtés du chef de l’État », auraient mobilisé plus de deux millions de dollars pour financer une campagne médiatique de dénigrement.
« Une partie de cette somme a servi à corrompre plusieurs médias et journalistes afin de salir mon image dans l’opinion et me faire disparaître de la scène politique », soutient-il dans sa lettre.
Il dénonce un « procès illégal », transformant une procédure administrative en affaire pénale, en violation des règles de procédure. Il a été condamné à trois ans de travaux forcés et privé de ses droits civils et politiques, pour un détournement présumé de 19 millions de dollars, somme qu’il affirme être encore logée dans les comptes bancaires de l’État.
Cette prise de parole intervient dans un contexte de crispation politique en RDC, marqué par la recomposition du paysage politique à l’approche des prochaines échéances électorales. Constant Mutamba, longtemps perçu comme proche du pouvoir, s’était récemment montré critique vis-à-vis de certaines pratiques institutionnelles, appelant à un « changement véritable et radical ».
Sa lettre, largement relayée sur les réseaux sociaux, relance le débat sur l’indépendance de la justice en République démocratique du Congo.