Le gouvernement de la République démocratique du Congo, sous la présidence de Félix Tshisekedi, entend concrétiser son engagement de doter enfin la population d’une carte d’identité nationale, un document pourtant indispensable et absent depuis plus de quarante ans. Après plusieurs tentatives avortées, des avancées notables ont été enregistrées dans la relance de ce vaste chantier.
L’annonce a été faite par le Vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur, Jacquemain Shabani Lukoo, lors de la réunion du Conseil des ministres du vendredi 14 novembre 2025 à la Cité de l’Union africaine. Sans donner de calendrier précis, il a confirmé que l’Office National d’Identification de la Population (ONIP) est déjà à l’œuvre.
Selon le compte rendu gouvernemental, l’ONIP prépare « le démarrage imminent des opérations d’identification », en s’appuyant sur une méthode de mutualisation et de stratification destinée à mieux catégoriser et collecter les données.
Production des cartes annoncée pour 2026
La question avait été discutée quelques jours plus tôt au Sénat, lors d’une interpellation du sénateur Jean Bamanisa. Les parlementaires avaient alors été informés que la production et la délivrance des cartes d’identité sont officiellement prévues pour 2026.
« Le processus est relancé pour que la production et la délivrance de la carte d’identité interviennent, à coup sûr, dès l’année prochaine. Les préalables et les contraintes sont en train d’être progressivement levés, strate après strate, province après province », a précisé Jacquemain Shabani le 12 novembre.
Le ministre a également affirmé que dès début 2026, des financements seront alloués à l’ONIP pour lancer les opérations d’identification et constituer le fichier général de la population. Une feuille de route, déjà validée au niveau de l’exécutif, doit assurer une mise en œuvre coordonnée.
Transfert des données de la CENI et premières cartes pour les enrôlés
L’ONIP sera prochainement doté d’un centre de traitement des données. Les informations contenues dans le fichier électoral de la CENI seront transférées et actualisées dans la base de données nationale. Les citoyens déjà enrôlés par la CENI formeront la première catégorie à recevoir la nouvelle carte biométrique.
Un processus coûteux et progressif
Toutefois, le ministre a reconnu que l’identification générale de la population représente un défi financier et logistique majeur, nécessitant la formation et la mobilisation d’un grand nombre d’agents. Les opérations débuteront par la province pilote de Kinshasa avant de s’étendre progressivement à tout le pays.
Une promesse présidentielle encore attendue
Annoncée dès l’accession de Félix Tshisekedi au pouvoir, la carte d’identité nationale se fait toujours attendre. Les Congolais en sont privés depuis 1984, tout comme du permis de conduire, dont la production est également à relancer.
Lors de la précédente tentative, la société Idemia avait décroché un contrat de 1,2 milliard de dollars pour fournir les kits nécessaires, en partenariat avec Afritech. Mais ce marché avait été annulé après que l’Inspection Générale des Finances (IGF) l’a jugé surfacturé. Une enquête menée par des journalistes, Lighthouse Reports et Bloomberg avait confirmé les irrégularités.
Avec cette nouvelle relance, le gouvernement promet de repartir sur des bases assainies. La population, elle, espère que cette fois sera la bonne.
