Dans une déclaration rendue publique ce jeudi, l’organisation internationale Human Rights Watch (HRW) a vivement critiqué la condamnation à mort prononcée à l’encontre de l’ancien président Joseph Kabila, y voyant une menace grave pour l’État de droit et la stabilité politique en République démocratique du Congo.
Selon HRW, cette décision judiciaire rendue par la Haute Cour militaire met en lumière le « fragile équilibre » entre l’obligation de rendre des comptes et la préservation de la stabilité démocratique dans un pays encore marqué par des décennies de conflits et de gouvernance contestée.
Accusé notamment de trahison et de crimes de guerre, l’ancien chef de l’État a été jugé par contumace, dans un procès que l’organisation qualifie de « simulacre ».
« Le tribunal militaire a rendu son verdict sans la présence d’un avocat de la défense, en violation flagrante du droit à un procès équitable garanti par le droit international », dénonce Human Rights Watch.
Si l’organisation reconnaît que la RDC a connu des violations graves des droits humains sous différents régimes, y compris sous les 18 années de pouvoir de Joseph Kabila, elle insiste sur la nécessité d’une justice crédible, indépendante et équitable.
« La reddition de comptes perd tout son sens lorsqu’elle s’effectue à travers des procédures judiciaires précipitées et inéquitables », souligne le communiqué.
Pour HRW, ce procès s’apparente davantage à une manœuvre politique visant à écarter un adversaire qu’à une réelle volonté de justice.
« Refuser à un ancien président une procédure équitable envoie un message effrayant : d’autres opposants politiques pourraient subir le même sort », alerte l’organisation, qui y voit une remise en cause profonde du principe d’égalité devant la loi.
Human Rights Watch appelle les autorités congolaises à mettre fin à l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques et à bâtir des institutions judiciaires fortes, capables de juger de manière impartiale les responsables des abus passés et présents.