Un nouveau rapport confidentiel du groupe d’experts des Nations Unies accuse le Rwanda de jouer un rôle central dans les opérations du mouvement rebelle M23 à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Selon ce document, consulté par l’agence Reuters, Kigali aurait recruté, entraîné et équipé militairement les combattants du M23, tout en les encadrant directement lors de leurs offensives contre les forces congolaises.
Le rapport souligne notamment « l’utilisation par le Rwanda de technologies militaires sophistiquées, capables de neutraliser les frappes aériennes, offrant ainsi un net avantage aux rebelles face à l’armée congolaise ».
Toujours selon les experts onusiens, cette implication militaire visait moins à lutter contre les rebelles hutus des FDLR, comme le prétend Kigali, qu’à renforcer l’influence du Rwanda en RDC et à prendre le contrôle de zones stratégiques riches en ressources minières.
Depuis le début de l’année, le M23 a conquis plusieurs grandes villes dans l’est du pays, dont Goma et Bukavu. La RDC, l’ONU et plusieurs pays occidentaux accusent depuis longtemps le Rwanda de soutenir activement cette rébellion, en violation du droit international.
Le rapport a été remis en mai au comité du Conseil de sécurité chargé des sanctions sur la RDC et devrait être publié prochainement.
Ce mercredi 2 juillet, Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, a déclaré à l’agence de presse Reuters que ce rapport contredit la position du Rwanda concernant les questions de sécurité liées aux combattants des FDLR et leurs alliés, estimant qu’il est nécessaire de prendre des mesures de protection à la frontière.
L’administration du président américain Donald Trump tente de parvenir à un accord entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, un accord qui pourrait attirer des milliards de dollars d’investissements occidentaux dans cette région riche en ressources telles que le tantale, l’or, le cobalt, le cuivre, le lithium et d’autres minerais précieux.
Vendredi, les ministres des Affaires étrangères du Rwanda et de la RDC ont signé un accord de paix à Washington et ont également rencontré Donald Trump, qui a menacé de « sanctions sévères, économiques et autres » en cas de non-respect de cet accord.
Le Qatar facilite actuellement des négociations parallèles entre des représentants de la RDC et le groupe rebelle M23.
Makolo affirme que le Rwanda s’est engagé à appliquer les accords signés à Washington, y compris l’éradication complète des FDLR, ce qui permettrait au Rwanda de lever les mesures de sécurité prises à la frontière.
Le rapport de l’ONU indique que le Rwanda a accueilli des chefs rebelles, y compris du M23, dans un camp d’entraînement militaire à Gabiro, et utilise également les centres de formation de Nasho et Gako pour former de nouveaux combattants du M23.
Le Rwanda aurait aussi augmenté considérablement le nombre de ses soldats dans l’est de la RDC avant que le M23 n’élargisse son contrôle à d’autres zones. Les experts évoquent environ 6 000 soldats rwandais présents dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
Les experts de l’ONU accusent en outre le Rwanda de violations manifestes et répétées de l’embargo sur les armes, soulignant qu’un missile ayant tué un membre du personnel de l’ONU et blessé quatre autres en janvier semble avoir été tiré depuis une position des forces rwandaises.
Le rapport estime que 1 000 à 1 500 soldats rwandais combattaient encore dans les zones occupées par le M23 au moment de sa rédaction, et que des milliers d’autres se tenaient prêts à entrer en RDC depuis la frontière, selon les conclusions de l’enquête couvrant la période jusqu’au 20 avril.