18 décembre 2025
Av P.E. Lumumba
Sécurité

Est de la RDC : les autorités du Sud-Kivu dénoncent un retrait “de façade” de l’AFC/M23

Le Gouvernement provincial du Sud-Kivu a exprimé, jeudi, de sérieux doutes quant au retrait annoncé par l’AFC/M23 de la ville d’Uvira, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), évoquant des mouvements de troupes jugés ambigus et une situation sécuritaire toujours préoccupante.

Dans un communiqué, les autorités provinciales affirment disposer d’informations « crédibles » indiquant que ce retrait, annoncé dans la soirée du 17 décembre, relèverait davantage d’une manœuvre de dissimulation que d’un désengagement militaire effectif.

Mouvements jugés suspects

Selon le Gouvernement provincial, les images diffusées sur les réseaux sociaux montrant des combattants quittant Uvira ne traduiraient pas un retrait réel. Les véhicules militaires observés auraient été presque vides, tandis que des groupes armés auraient été aperçus se déplaçant à pied vers les moyens et hauts plateaux d’Uvira, en direction de Minembwe, dans le territoire voisin de Fizi.

D’autres éléments armés seraient toujours positionnés sur les axes stratégiques menant vers Makobola et Baraka, à moins de dix kilomètres d’Uvira, avec leur artillerie, sans signe de repli, selon la même source.

Présence persistante autour d’Uvira

Les autorités provinciales indiquent également que des combattants identifiés comme appartenant à l’AFC/M23 n’auraient pas dépassé la cité de Kiliba, située à environ 12 kilomètres d’Uvira, malgré l’annonce de leur retrait. Elles signalent en outre l’apparition de nouvelles personnes en tenue civile dans la ville, soupçonnées d’être des combattants ayant abandonné leurs uniformes pour se fondre dans la population.

Pour le Gouvernement provincial, ces éléments accréditent l’hypothèse d’une mise en scène visant à réduire la pression nationale et internationale, sans cessation réelle des hostilités.

Inquiétudes économiques et humanitaires

Les autorités du Sud-Kivu alertent par ailleurs sur une menace pesant sur la Sucrerie du Kivu, située près de Kiliba, craignant un démantèlement de cette infrastructure industrielle stratégique. L’usine était en cours de relance avec l’appui du président congolais Félix Tshisekedi, avec la perspective de créer plus de 3 000 emplois dans la province.

Sur le plan humanitaire, le Gouvernement provincial appelle les organisations internationales à intervenir en urgence en faveur des Congolais réfugiés ou bloqués dans des sites de transit au Burundi depuis le 9 décembre, sans assistance humanitaire adéquate.

Appels à la communauté internationale

Le Gouvernement provincial du Sud-Kivu appelle les Nations unies, l’Union africaine, l’Union européenne ainsi que les organisations de défense des droits humains à renforcer les condamnations des exactions attribuées au Rwanda et à ses alliés de l’AFC/M23, et à intensifier les mécanismes de protection des civils.

Il exhorte également les États-Unis et leurs partenaires à exiger un retrait total et vérifiable de toutes les forces étrangères et de leurs supplétifs des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, jusqu’à leurs positions antérieures, conformément au droit international.

Contexte régional tendu

L’est de la RDC est en proie, depuis plusieurs années, à des violences impliquant de nombreux groupes armés. Kinshasa accuse Kigali de soutenir l’AFC/M23, des accusations régulièrement rejetées par le Rwanda. Les tentatives de cessez-le-feu et de désescalade, appuyées par des initiatives régionales et internationales, peinent jusqu’ici à produire des résultats durables sur le terrain.

Le Gouvernement provincial du Sud-Kivu réaffirme, de son côté, son engagement en faveur de la protection des civils, de l’intégrité territoriale de la RDC et de la recherche d’une paix durable dans la région.

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