Le climat politique en République démocratique du Congo s’est brutalement alourdi ce mardi matin avec l’arrestation musclée d’Emmanuel Ramazani Shadary, secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).
L’ancien candidat à la présidentielle a été interpellé à son domicile vers 3 heures du matin par des hommes armés, dont certains en civil. Selon ses proches, Shadary a été emmené vers une destination inconnue.
Cette arrestation intervient au lendemain de la condamnation à mort de l’ancien président Joseph Kabila par la Haute Cour militaire, prononcée mardi 30 septembre.
Shadary s’était fait l’un des critiques les plus virulents de ce verdict, le jugeant « inopportun » et risquant de « diviser davantage les Congolais ». Le cadre du PPRD accusait ouvertement le pouvoir du président Félix Tshisekedi d’orchestrer une diversion politique.
« Ils ont fait ça pour distraire la population au lieu de s’attaquer aux enjeux majeurs de la RDC : sécurité, guerre et crise politique », déclarait-il récemment.
L’ancien ministre s’était également vivement opposé aux accords de Washington et de Doha, perçus comme des revers diplomatiques, craignant que le procès Kabila n’exacerbe des tensions « linguistiques voire géographiques ».
Ce n’est pas la première fois que le secrétaire permanent du PPRD est dans le viseur des autorités. Mars dernier, lui et Aubin Minaku (vice-président du PPRD) avaient été interdits de quitter le territoire national et convoqués par l’auditorat militaire supérieur de la GGombe
L’ex ministre de la Justice, Constant Mutamba, avait alors évoqué des interpellations de hauts cadres du PPRD soupçonnés de complicité avec la rébellion de l’AFC/M23.
Shadary avait par ailleurs été entendu au ministère de l’Intérieur et de la Sécurité suite à une communication du PPRD publiée après une sortie médiatique de Joseph Kabila en Namibie.
L’arrestation de Shadary, figure de l’opposition kabiliste, est perçue comme un nouvel indicateur de l’escalade des tensions entre le pouvoir actuel et les anciens fidèles de Joseph Kabila.
