Au marché Kituku de Goma, situé dans la province du Nord-Kivu, une vive tension a régné ce jeudi 09 octobre parmi les commerçantes spécialisées dans la vente de sambaza, ces petits poissons très prisés par la population locale.
Ces vendeuses dénoncent des pratiques abusives et illégales orchestrées, selon elles, par une nouvelle structure informelle opérant au sein même du marché.
Des pratiques illégales dénoncées
Depuis plusieurs années, ces vendeuses s’approvisionnent en sambaza auprès de grossistes venus d’Idjwi, une île située sur le lac Kivu. Le système mis en place entre les vendeuses et leurs fournisseurs repose sur la confiance, les grossistes livrent régulièrement la marchandise à crédit, en attendant le paiement une fois les produits écoulés.
Cependant, la situation s’est récemment détériorée. Une nouvelle structure, dont l’identité reste floue, aurait imposé de nouvelles règles : elle exige désormais que les fournisseurs d’Idjwi remettent une quantité de sambaza à titre d’ »avantage » ou de « récompense » avant même d’être autorisés à déposer leur marchandise sur le marché.
« Les tracasseries qui ont lieu actuellement sur ce site touchent directement les fournisseurs. Ces derniers viennent d’Idjwi et s’acquittent normalement de la taxe exigée par l’État, comme le prévoit notre association. En plus, chacun d’eux offre une petite quantité de sambaza en guise de remerciement. Malheureusement, un service inconnu vient de surgir et impose de nouvelles exigences, ce qui fait souffrir ces fournisseurs. Ils sont découragés, et cela risque de nous pénaliser fortement, decar nous dépendons entièrement de leur approvisionnement. Une bagarre a même éclaté hier sur le site pour contester cette situation », a dénoncé Nsimire Mpakanirwa.
Des fournisseurs en colère
Ces exigences sont jugées injustes, abusives et sans fondement légal par les grossistes. Ces derniers assurent pourtant s’acquitter de toutes les taxes officielles exigées par les autorités locales. Pour eux, cette forme de rançonnement constitue une entrave sérieuse à leur activité.
« Nous travaillons dans la légalité, nous payons toutes les taxes. Ce qu’on nous demande aujourd’hui n’a rien à voir avec la loi. C’est une forme de tracasserie pure et simple », confie Bahati Kahiga, fournisseur d’Idjwi.
Par ailleurs, le président des pêcheurs sur le lac Kivu à Goma, M. Shamavu Hamuli Ezéchiel, dénonce une véritable cacophonie autour de cette affaire. Il accuse certaines vendeuses de Goma de vouloir imposer un système injuste, qu’il qualifie de « vol organisé », au détriment des fournisseurs venus d’Idjwi.
« Ces vendeuses veulent marcher sur les fournisseurs d’Idjwi sans aucun motif valable. C’est une tentative de ravir les biens d’autrui, et nous mettons en garde tous ceux qui s’y adonnent », a-t-il déclaré.
M. Shamavu affirme que les services habilités ont déjà été saisis de la situation et appelle au respect strict des règles en vigueur sur le marché.
Une menace sur l’approvisionnement du marché
Face à cette situation, plusieurs grossistes menacent désormais de suspendre leurs livraisons à Goma et d’acheminer leurs marchandises vers Bukavu, une autre grande ville riveraine du lac Kivu, dans la province du Sud-Kivu. Cette décision, si elle venait à être appliquée, pourrait fortement perturber l’approvisionnement du marché de Goma en sambaza, une denrée de base pour de nombreuses familles de la région.
Les vendeuses, déjà affectées par la baisse de la qualité et la hausse des prix, redoutent les conséquences économiques de ce bras de fer. Elles appellent les autorités compétentes à intervenir rapidement afin de mettre un terme à ces pratiques illicites qui mettent en péril non seulement leur activité, mais aussi la sécurité alimentaire des consommateurs.
Jackson Maliyabwana