La Haute cour militaire de la République démocratique du Congo a poursuivi ce vendredi 22 août les audiences dans l’affaire visant l’ancien président Joseph Kabila Kabange. L’audience a été marquée par la plaidoirie du ministère public qui a requis la peine de mort, sans admission de circonstances atténuantes, à l’encontre de l’ancien chef de l’État.
Dans son intervention, le procureur général a énuméré plusieurs crimes attribués aux rebelles de l’AFC/M23 dans les zones qu’ils contrôlent : assassinats de civils, viols, exécutions extrajudiciaires, déportations forcées et destructions massives. Selon l’accusation, un lien direct existerait entre ces exactions et Joseph Kabila. Le ministère public a notamment rappelé certaines prises de position du prévenu, telles que la qualification de ces violences comme « les aspirations du peuple », ainsi que ses contacts supposés avec les rebelles lors de leur retour par l’Est du pays.
Le procureur a affirmé que Kabila devait être considéré comme l’« auteur intellectuel » de ces crimes, derrière les exécutants. Outre la peine de mort, il a requis 20 ans de servitude pénale pour apologie du terrorisme et 15 ans pour complot, ainsi que la mise sous séquestre des biens de l’ancien président, sa condamnation aux frais et son arrestation immédiate.
Depuis l’ouverture du procès, Joseph Kabila n’a jamais comparu, son défaut ayant été acté par la cour. Les poursuites portent sur plusieurs infractions, dont la trahison, la participation à un mouvement insurrectionnel et l’apologie du terrorisme. Cette procédure fait suite à l’injonction du ministre de la Justice, suivie d’un réquisitoire transmis au Sénat, lequel avait autorisé les poursuites.
Du côté de l’opposition, ces accusations sont jugées infondées. Le PPRD, parti de l’ancien président, dénonce une « mise en scène » politique. Son secrétaire permanent, Emmanuel Ramazani Shadary, a estimé que cette démarche vise avant tout « à écarter un acteur politique majeur de l’opposition », au lieu de rechercher la paix et la cohésion nationale.
L’affaire, qui se tient dans un contexte de tensions sécuritaires persistantes dans l’Est de la RDC, continue de polariser la scène politique congolaise.